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Réponse (indirecte) aux propos de Monsieur le député Jean-Baptiste Moreau.

Réponse (indirecte) aux propos de Monsieur le député Jean-Baptiste Moreau.

 

Vendredi 24 avril 2020, dans le journal numérique AgraPresse, le député LREM de la Creuse et éleveur de bovins viande Jean-Baptiste Moreau, répond aux questions qui lui sont posées, suite à la tribune qu’il a rédigé dans le journal l’Opinion.

 

Si il y a un premier fait où nous sommes d’accords, c’est bien sur la grande distribution qui continue son rôle de parasite dans la filière.

Mais, Monsieur Moreau avait pris du temps à confectionner la loi EGALIM qui devait mettre fin à ce spectacle ambulant et mieux rémunérer les producteurs.

Cette loi n'est qu'une coquille vide et ne va pas plus de l'avant que cela. D'autant plus, que sur le plan international, il n'y a pas de vision globale si ce n'est qu'un soutien affiché à l'agroécologie et au commerce équitable. Il n'y a pas de vision globale car la loi Egalim ne concerne que les produits alimentaires français vendues en distribution. Rien sur les exportations dont les Agriculteurs restent dépendants…

 

Cette loi devra donc être retoquée, et voici certaines dispositions que je propose :

 

«L'arrêt du financement de grands groupes industriels par le budget la PAC.»

 

«L'obligation de préciser la traçabilité et la composition des produits transformés avec à la clef un affichage complet dans la Restauration Hors Foyer (RHF).»

 

«Une redistribution obligatoire des dividendes des coopératives aux agriculteurs, qui sont leurs adhérents.» Il est intolérable que les coopératives captent la valeur ajoutée comme les industriels sans la redistribuer aux agriculteurs.

 

«Le respect de l'article 44 de la Loi Egalim qui vise à interdire toute importation ne respectant pas nos standards de production.»

 

Je voudrais aussi rappeler et appuyer les demandes qui ont été faites au sujet de la transparence des comptes des industriels et transformateurs, du SRP et de l'encadrement des promotions. Les pouvoirs publics ne peuvent plus se voiler la face devant des industriels et transformateurs qui adoptent une attitude de rapace à l'égard de nos Agriculteurs.

 

«Il faut que les agriculteurs s’organisent et soient davantage solidaires afin de peser enfin sur les prix», a déclaré Monsieur Moreau. Mais les agriculteurs sont déjà organisés en organisation de producteurs.

 

Le problème, c’est que devant la multitude d’organisations de producteurs, les industriels continuent leur jeu sinistre. De plus, il n’est pas permis d’imposer aux agriculteurs de se regrouper en OP.

Alors quelles sont les solutions ?

Les interprofessions et les OP doivent agir de façon neutre, dans le strict intérêt des producteurs.

Entamer un regroupement des OP par production pour évoluer et devenir indépendantes des industriels (multi acheteurs).

Ne plus donner le nom d'OP pour les coopératives industrielles à l’image de Lactalis ou Sodiaal.

Permettre au producteur d’intégrer ou pas une OP de son choix.

 

Seulement à partir de ce remodèlement, ce système d’OP pourrait être généraliser. Un remodèlement à compléter avec une nouvelle approche du système agricole français, ses défis, objectifs...

 

Monsieur Moreau pointe du doigt, et il a raison, la mainmise de Bigard sur le marché de la viande bovine (Bigard étant propriétaire de Charal, Socopa…).

Monsieur Moreau propose donc «de valoriser un outil existant appelé «programmes opérationnels», dont la filière fruit et légumes s’est déjà emparé il y a longtemps. Cet argent pourrait être débloqué pour les organisations de producteurs de la filière viande qui s’engagent du côté amont à respecter des grilles de prix qui correspondent aux indicateurs de coût de production, et côté aval à développer la contractualisation avec les abatteurs»…. «Il faudra cependant prévoir des sanctions si les industriels refusent la contractualisation, peut-être sous la forme d’une imposition supplémentaire. Mais sur cet aspect, le droit européen et le logiciel de la Commission doivent évoluer. »

 

Pourquoi ne pas avoir inscrit dans la loi EGALIM (loi de la dernière chance...)une contractualisation qui prend en compte les coûts de production. Si une des parties du contrat ne respecte pas son engagement, elle peut se dissocier de l’autre. Exemple : si la laiterie ne paie pas le lait à un prix convenable, le producteur peut faire sécession. Mais il faut que les modalités de départ soient assouplies (aujourd’hui, un éleveur doit déclarer deux ans à l’avance son départ, ce qui prouve que nos producteurs sont inféodés à l’industrie agroalimentaire.

 

Mais nos Agriculteurs ne sont pas seulement inféodés à cette industrie, ils sont également inféodés à l’Europe. Cette Europe qui signe des traités tous azimuts comme récemment avec le Mexique qui va pouvoir exporter 20 000 tonnes de viande bovine par an en Europe. Cela va à l’encontre des idées d’indépendance agricole et de souveraineté alimentaire prônées récemment. Mais cela est peut-être du à l’ «en même temps» macroniste.

Ou comme le CETA, qui est un «faux problème» pour Monsieur Moreau.

 

C’est un faux problème d’importer des denrées alimentaires qui ne respectent pas nos standards de production, et de surcroît que nous pouvons suffisamment produire sur notre territoire ?

C’est un faux problème de déstabiliser la filière laitière canadienne en exportant davantage nos produits laitiers ?

 

Il faut des accords gagnants-gagnants. Mais la folie du libre-échangisme mondialiste ne produit que des effets néfastes pour notre Agriculture, déjà fragilisée par une politique de prix bas, par une déconsidération quasi-générale.

 

«Le président de la République avait parlé de revoir les règles de l’OMC, je pense que nous avons là une fenêtre de tir.»

Effectivement, Monsieur Macron avait parlé d’une refonte de l’OMC.

Pour ma part, la refonte de l’OMC passe par une négociation pour faire admettre la spécificité du secteur agricole. Il faut en finir avec l’hypocrisie car tous les États aident (par des subventions ou autres formes déguisées) leur agriculture. Quatre principes simples devraient être inscrit à l’OMC:

-Le droit pour chaque état de conserver et d’aider un secteur agricole assurant l’autosuffisance alimentaire de sa population et l’aménagement de son territoire.

-Le principe de précaution est un droit pour un état. Seules des études scientifiques sérieuses, concluant à l’absence total de risque, peuvent mettre à mal ce droit.

-Imposer l’obligation de « traçabilité » et le droit d’information du consommateur.

-L’interdiction des subventions à l’exportation.

 

Enfin, pour Monsieur Moreau, «Le localisme c’est gentil, mais ça ne sauvera pas l’agriculture française. »

Cela dépend par quoi entendons-nous le terme localisme. Pour ma part, derrière le localisme, je vois:

- la relocalisation des productions à échelle européenne et nationale. Commençons d’abord par produire pour la consommation française, puis pour les demandes à l’étranger.

- une réelle politique d’indépendance agricole, une réelle souveraineté alimentaire. Arrêtons d’être dépendants de certains pays pour des besoins primaires que nous pouvons produire nous-mêmes.

- -Défendre son marché, son territoire contre les concurrences déloyales. Cela passe par une refonte de la PAC qui doit retrouver ses premières prérogatives qui sont :

+Régulation des productions et prix rémunérateurs.

+Protectionnisme intelligent.

+Aides aux productions fragilisés (ichn)

 

Cela veut dire aussi penser, protéger les valeurs humaines et naturelles et arrêter de croire en la religion du sacro-saint libéralisme...il y a d'abord des humains qui font tourner la ferme France qui est en dérive constante !

 

Il n’est plus permis de brader notre Agriculture sur le marché mondial. L’Agriculture n’est pas un joujou, et Monsieur Moreau doit pertinemment le savoir.

 

Le choix est clair, et ce depuis plusieurs années :

 

Continuons-nous dans un système, à vrai dire passéiste, agro-productiviste industriel mondialisé où est demandé aux Paysans de s’agrandir et de compresser leur coût de production pour ne plus rien gagner ?

Ou alors, renouons-nous avec une Agriculture au service de ses paysans, de ses consommateurs et de ses territoires ?

 

Que Monsieur le député veuille bien agréer mes sentiments respectueux.

 

Valentin Lagorio, secrétaire-général-adjoint à l’Union du Peuple Français.

 

 

 

 

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